Eros Uber Alles


Was Ist Das Rock'n'Roll

200.000 ans déjà que je zône sur la terre
dans le grognement lourd des groins qui s'entrechoquent
de nature solitaire, je me terre pour me taire
mais mon double pervers joue dans un groupe de rock
J'ai quelques mauvais dons d'acrobatie verbale
surtout les soirs d'hiver quand j'suis black et d'équerre
tel un Douanier Rousseau du graffiti vocal
j'fais des bulles et des rots en astiquant mes vers
was ist das... was ist das...
was ist das Rock'n'Roll?
J'suis un vieux désespoir de la chanson française
qui fait blinder ses tiags pour marcher quand ça loose
ma langue natale est morte dans ses charentaises
faute d'avoir su swinguer au rythme de son blues
was ist das... was ist das...
was ist das Rock'n'Roll ?
Mais je veux de la miouse qui braqu'marde et qui beugle
avec Beethov en sourd, je suis borgne à Toulouse
En attendant d'chanter en braille chez les aveugles
je sors ma Winchester pour mieux cracher mon blues
Fin d'autorisation de délirer sans fin
j'dois contrôler l'vu-mètre avant qu'ça passe au rouge
mes idoles défunctées se saoulent avec mon vin
et trainent leurs feux follets hilares au fond des bouges
was ist das... was ist das...
was ist das Rock'n'Roll
(und so weiter).
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Hubert-Félix Thiéfaine & Claude Mairet
© Editions Lilith-Dimanche.

Je ne sais plus quoi faire pour te Decevoir

Assis comme un lépreux devant mon braséro
frileux sous le blizzard soufflant son lamento
Ô my sweet honey love
j'écrivais le chorus d'un concerto lubrique
sur le chargeur glacé de mon automatique
Ô my sweet honey love
quand je t'ai vue marcher le long du taxiway
où mon vaisseau-cargo déchargeait en secret
Ô my sweet honey love
mes carrousels de monstres aux yeux de chrysolite
et les démons transfuges de ma zone interdite
Ô my sweet honey love
pas b'soin de téléscope pour suivre ta beauté
quand tu viens t'acharner à me faire espérer
mais j'suis fait d'une matière débile indélébile
et je n'sais plus quoi faire pour me rendre inutile
et je n'sais plus quoi faire pour te décevoir
Tu traverses les ruines de mes cités-fossiles
dans la phosphorescence de mes visions fébriles
Ô my sweet honey love
parmi les papiers gras et les caisses éventrées
qui jonchent le parking de mon cerveau brulé
Ô my sweet honey love
et tu poses des oranges dans la cendre mouillée
de mon cachot désert aux barreaux calcinés
Ô my sweet honey love
et d'un éclat de rire tu gommes les pierres tombales
des quartiers délabrés de ma radio-mentale
Ô my sweet honey love
pas b'soin de téléscope pour suivre ta beauté
quand tu viens t'acharner à me faire espérer
mais j'suis fait d'une matiere débile indélébile
et je n'sais plus quoi faire pour me rendre inutile
et je n'sais plus quoi faire pour te décevoir.
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Hubert-Félix Thiéfaine & Claude Mairet
© Editions Lilith-Dimanche.

Amants Destroy

(Libre improvisation sur un thème de Marguerite Duras)

Fille-fleur sauvage acidulée
bouche cramoisie, jupe retroussée
scratchée sur la banquette arrière
d'un cabriolet Roadmaster
Transfer d'orage/émeute sexuelle
sous la rumeur des immortels
quand ses lèvres arrachent un par un
les boutons de mon 501
Détruire, détruire, toujours dit-elle
saboter l'oeil universel
Détruire, détruire, toujours dit-elle
faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur
Travail de nuit/petit matin
jouissance/violence entre ses seins
visage éclaboussé de nacre
amour, bagatelle et massacre
Sur les fusibles du hasard
entre les quarks et les quasars
elle détruira son teddy-boy
cunnibilingue et lousy boy
Détruire, détruire, toujours dit-elle
saboter l'oeil universel
détruire, détruire, toujours dit-elle
faire payer ses grotesques erreurs
au boss cannibale supérieur.
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
© Editions Lilith-Dimanche.

Pulque Mezcal y Tequila

Tombé d'un DC10 fantôme
sur un aéroport désert
j'ai confié mon âme a un gnome
qui jonglait sous un revolver
puis j'ai pris la première tangente
qui conduit vers les cantinas
où la musique se fait bandante
pour la pieta dolorosa
Pulque, mescal y tequila
Cuba libre y cerveza
ce soir je serai borracho
hombre ! que viva Mejico
borracho ! como no ?
Dans le bus pour Cuernavaca
j'révise ma tendresse des volcans
Hotel-Casino d'la Selva
le soleil se perd au ponant
et je picole en compagnie
d'un spectre imbibé de strychnine
welcome senor Malcom Lowry
sous la lune caustique et sanguine
Jouer des morts à Oaxaca
près de la tombe No 7
je promene ma cavalera
en procession jusqu'aux toilettes
et dans la douceur des latrines
loin des clameurs de la calle
je respire l'odeur alcaline
des relents d'amour périmé
"No se puede vivir sin amor" hombre
"no se puede vivir sin amor"
chinga de su madre
otro cuba libre
borracho ! como no ?
De retour à Tenochtitlan
au parc de Chapultepec
les singes me balancent des bananes
sur des slogans de fièvre azteque
et dans ma tristesse animale
d'indien qu'on saoûle et qu'on oublie
j'm'écroule devant le terminal
des bus à Mexico-city
Pulque, mescal y tequila
Cuba libre y cerveza
ce soir je suis "el borracho"
un 'perdido de Mejico.
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Hubert-Félix Thiéfaine & Claude Mairet
© Editions Lilith-Dimanche.

Septembre Rose

Naufragé virtuose
d'un amour clandestin
dans la métamorphose
des embruns souterrains
tu jaillis ruisselant
d'une vague utérine
sur ce ventre brûlant
de tendresse féminine
baby boy
sweet baby boy
Ton premier cri réveille
de son écho brisé
l'ouragan qui sommeille
dans mes veines oxydées
et mon regard prélude
le jeu de la pudeur
quand par manque d'habitude
on s'méfie du bonheur
baby boy
sweet baby boy
my baby boy
Oh ! my son of the wind
my little wunderkind
Oh ! mon septembre rose
d'amour apothéose
baby boy
Passées les cruautés
du théâtre organique
tu retournes apaisé
vers ta faune onirique
où les miroirs d'automne
reflètent à fleur de flamme
ta jeune écorce d'homme
éclaboussée de femme
baby boy
sweet baby boy
my baby boy.
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Hubert-Félix Thiéfaine & Claude Mairet
© Editions Lilith-Dimanche.

Syndrôme Albatros

Clown masqué décryptant les arcanes de la nuit
dans les eaux troubles et noires des amours-commandos
tu croises des regards alourdis par l'oubli
et des ombres affolées sous la terreur des mots
Toi qui voulait baiser la terre dans son ghetto
tu en reviens meurtri, vidé par sa violence
et tu fuis ce vieux monstre à l'écaille indigo
comme on fuit les cauchemars souterrains de l'enfance
De crise en delirium, de fièvre en mélodrame
franchissant la frontière aux fresques nécrophiles
tu cherches dans les cercles où se perdent les âmes
les amants fous maudits, couchés sur le grésil
Et dans le froid torride des heures écartelées
tu retranscris l'enfer sur la braise de tes gammes
fier de ton déshonneur de poète estropié
tu jouis comme un phénix ivre-mort sous les flammes
Puis en busard blessé, cerné par les corbeaux
tu remontes vers l'azur flashant de mille éclats
et malgré les brûlures qui t'écorchent la peau
tu fixes dans les brumes : << Terra Prohibida >>; 
Doux chaman en exil, interdit de sabbat
tu pressens de la haut les fastes à venir
comme cette odeur de mort qui précède les combats
et marque le début des vocations martyres
Mais loin de ces orages, vibrant de solitude
t'inventes un labyrinthe aux couleurs d'arc en ciel
et tu t'en vas couler tes flots d'incertitude
dans la bleue transparence d'un soleil torrentiel
Vois la fille océane des vagues providentielles
qui t'appelle dans le vert des cathédrales marines
c'est une fille albatros, ta petite soeur jumelle
qui t'appelle et te veut dans son rêve androgyne...
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
© Editions Lilith-Dimanche.

Droïde Song

Droide équalisé sans désir de chaleur
Avec mes sentiments sur microprocesseur
Parfois dans le silence obscur de mon hangar
Je déchausse mes circuits et débranche mon sonar
Bouillie d'étoiles fondues sur mes lèvres plasma
De gargouille irradiée revenant du magma
Quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité
J'vais voir Cain cherchant Abel pour le plomber
J'vais voir Cain cherchant Abel pour le plomber
J'vais voir Cain cherchant Abel pour le plomber

Dans l'odeur des cités aux voiles d'hydrocarbures
Les rires sont des ratures qui s'attirent et saturent
Et j'y traine en réglant ma radio chimpanzé
Sur fréquence et mépris point zéro nullité
Cosmonaute du trottoir, éboueur en transfert
Je peins mes hyéroglyphes sur les murs des waters
Avant de m'enfoncer plus loin dans les égouts
Pour voir si l'océan se trouve toujours au bout
Pour voir si l'océan se trouve toujours au bout
Pour voir si l'océan se trouve toujours au bout

Droïde droîde
machine humanoïde
aux chromosomes hybrides
Droïde droïde
carlingue anthropoïde
coeur en celluloïd
Droïde droïde
regard polaroïd
schizoide et bifide
Droïde droïde
rêvant d'astéroïdes
acides et translucides
Libres ...
attirées par le vide

Le jour où les terriens prendront figure humaine
j'enlèverai ma cagoule pour entrer dans l'arène
et je viendrai troubler de mon cri distordu
Les chants d'espoir qui bavent aux lèvres des statues
Les chants d'espoir qui bavent aux lèvres des statues
Les chants d'espoir qui bavent aux lèvres des statues
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Hubert-Félix Thiéfaine & Claude Mairet
© Editions Lilith-Dimanche.

Je suis Partout

Je suis partout
dans le héros, dans le vainqueur,
le médaillé qui fait son beurre,
dans la fille tondue qu'on trimbale
à poil devant les cannibales
dans le train Paris-gare d'Auschwitz
entre les corps des amants juifs
dans ces millions d'enfants gazés
qu'on voudrait me faire oublier
Je suis partout
partout partouze
tendresse en S.O.S
eros uber alles
je suis partout
dans le gentil petit caniche
qui ratonne la nuit dans sa niche
dans l'oeil du bougnoule ecoeuré
par cet Occident périmé
dans le boxe des innocences
avec la putain d'bonne conscience
dans la peau du rocker-poubelle
qui joue son je universel
Je suis partout
partout partouze
Je suis partout
dans la rue des amours toxiques
au bras d'un monstre pathétique
dans les annales des coeurs trav'lots
avec ma capote en croco
entre tes seins entre tes cuisses
entre tes cimes et tes abysses
humaniste sous ton collant
la bite coincée entre tes dents
Je suis partout
partout partouze
tendresse en S.O.S
eros uber alles.
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Claude Mairet
© Editions Lilith-Dimanche.