Alambics Sortie Sud


Stalag-tilt

milliards d'étoiles
mettant leurs voiles
carbonisées
soleils factices
fin d'orifice
climatisé 
reviens
reviens petite
les stalactites
veulent m'emmurer
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé
périmé 
les p'tites frangines
des magazines
me laissent leurs clés
et je m'ébranle
dans le chambranle
des pages tournées
tournées 
reviens
reviens petite
dans ma guérite
érotiser
reviens
déconne pas
sans toi mon cas
est périmé 
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine Musique : Claude Mairet
© Editions Lilith-Masq.

Whiskeuses images again

vieille copie du terrin-terreur
tirée au ronéochibreur
souvent j'aim'rais faire fonctionner
la génération spontanée
comme un pou dans une cage en feu
j' télégraphie mon code foireux
attention traversée d'engins
sur Livre des morts européens
bloody man ah ah... 
fatigué des drapeaux en berne
j' m'amuse à quitter la caverne
à voir si l'on danse en éveil
dans les particules du soleil
mais j'atterris sur des cols durs
au pied de la Mangeuse d'ordures
le cul poisseux dans l' caniveau
à baiser mon portemanteau
bloody man ah ah... 
hé toi l'animal futurien
toi qu'as bien connu les Martiens
t'as p'têt' l'horaire des boute-en-train
à quelle heure passe le prochain bar
que j' paie une bière à mon clébard 
certaines nuits j'imagine l'exit
du labyrinthe dans le transit
de 40 milliards de couleurs
se r'niflant avec l'oeil du coeur
mais j' me réveille déglingué
avec un casque sur le nez
et j'ai beau raccorder les fils
j' traîne une vieille caisse marquée fragile
bloody man ah ah... fragile
bloody man 
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine Musique : Claude Mairet
© Editions Masq.

Nyctalopus airline

au nom du père au nom du vice
au nom des rades et des mégots
je lève mon hanap et je glisse
dans mon scaphandre à nébulos
je flye vers la doulce Atlantide
allumée dans mes courants d'air
je flye vers les chiens translucides
et les licornes aux cheveux verts
et je patrouille dans mon cargo
chez les ovnis du crépuscule
à collimater mes glaviots
dans mon viseur de somnambule
je flye vers les radars au bar
qui me montrent la voie lactée
quand la fée aux yeux de lézard
me plonge dans ses brouillards nacrés
je flye vers la cité-frontière
dans la nuit des villes sans lumière 
au nom du père au nom du vice
au nom des rades et des mégots
je lève ma Guinness et je glisse
dans la moiteur des mélancos
je flye vers les parfums tactiles
et vers l'androgyne ovipare
je flye vers l'assassin tranquille
sous mon sourire d'aérogare
et j' carbure aux années-lumière
mon astronef dans les rigoles
mes rétrofusées dans la bière
pour la liturgie d' la picole
je flye vers le chaos caché
dans les vestiges de ma mémoire
quand je n' sais plus de quel côté
se trouvent mes yeux dans les miroirs
je flye vers la cité-frontière
dans la nuit des villes sans lumière 
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine Musique : Claude Mairet
© Editions Masq.

Femme de Loth

j'écoute siffler le vent à 11 500 mètres
pendant que ma voisine clignote sur mon vu-mètre
et j'imagine son cri, ses crimes et ses dentelles
moi qui m' croyais gazé v'là que j' déconne pour elle 
météo-sex-appeal en matant la dérive
du Sèvres-Babylone correspondance Ninive
et je change à Sodome, à Gomorrhe j'ouvre un pack
avant de me tirer de c' putain d'Eden-Park
ne te retourne pas
ne te retourne pas 
j'ai ma bombe à étrons et j'ai mes droits de l'homme
et j'ai ma panoplie de pantin déglingué
et j'ai ces voix débiles qui m'gueulent dans l'hygiaphone
ne vous retournez pas la facture est salée 
ne te retourne pas, lady... prends tes distances
la terre joue au bingo sa crise d'adolescence
la terre joue au bingo sa crise d'adolescence 
nous sommes les naufragés dans cet avion-taxi
avec nos yeux perdus vers d'autres galaxies
nous rêvons d'ascenseurs au bout d'un arc-en-ciel
où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil
ne te retourne pas (ad lib.) 
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine Musique : Claude Mairet
© Editions Masq.

Buenas noches Jo

morbac ascendant canular
affilié au Human Fan Club
je pousse mon feu sous mon cigare
&m' jette au fond du premier pub
la barmaid qui joue Marilyn
dans sa layette simili cuir
me fait le plein de gazoline
en me caressant d'un soupir
buenas noches Jo
buenas noches babe 
puis j' descends la rue principale
en suivant les murs de l'asile
ma carte d'handicapé spatial
tendue vers les neuro-missiles
&pendant que les chiens savants
se jouent leur Best of the QI
je me tire chez les émigrants
qu'on des news au tarif de nuit
buenas noches Jo
buenas noches man 
soudain je t'aperçois petite
entre un flipper &un juke-box
frottant ton cul contre la bite
d'un hologramme de Rank Xérox
&au moment où la machine
te plaque sur son parking perdant
j'arrache ta fermeture de jean
&m'engouffre dans ton néant
buenas noches Jo (.../...) 


la tête mouillée entre tes cuisses
&l'oeil plombé de nostalgeo
j' voudrais rentrer dans ta matrice
comme au vieux temps de ma létargeo
quand je jouais avec la matière
dans la chambre des éprouvettes
au milieu des années-lumière
&du rougeoiement des planètes
buenas noches Jo
buenas noches babe 
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine Musique : Claude Mairet
© Editions Masq.

Un vendredi 13 à 5 heures

ce sera sans doute le jour de l'immatriculée-contraception ou une 
connerie comme ça... cette année-là exceptionnellement le 15 août 
tombera un vendredi 13 et j'apprendrai par Radio Mongol 
internationale la nouvelle de cette catastrophe aérienne dans le 
secteur septentrional de mes hémisphères cérébelleux... là où je 
mouille mes tankers de lucidité comique les nuits où je descends la 
dernière avenue du globe en traînant ma tête dans un sac en 
plastique
un vendredi 13 à 5 heures 
ce jour-là j' pèt'rai mon cockpit
dans la barranca del muerto
avec ma terre promise en kit
et ma dysenterie en solo
et les anges de la dernière scène
viendront s'affronter à ma trouille
passeport / visa / contrôle des gènes
et radiographie de ma chtouille 
je tomb'rai comme un numéro
4.21 sur le compteur
nuage glacé à fleur de peau
dans l'étrange ivresse des lenteurs
et pour arroser mon départ
j' voudrais qu' mon corps soit distillé
et qu'on paie à tous les traîn'-bars
la der des ders de mes tournées 
be still my soul
couchée mon âme au pied tranquille
be still my soul
tout ira bien au pied couchée... hé, couchée 
je m'écras'rai sur Oméga
chez les clowns du monde inversé
en suppliant Wakan-Tanka
d'oublier d' me réincarner
un vendredi 13 à 5 heures 
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine Musique : Claude Mairet
© Editions Masq.

Chambre 2023 (et des poussières)

j'étais Caïn junior le fils de Belzébuth
chevauchant dans la nuit mes dragons écarlates
&m'arrêtant souvent chez les succubes en rut
j'y buvais le venin dans le creux de leur chatte
&les ptérodactyles me jouaient du trombone
au 14e sous-sol 42e couloir
où les anges déchus sous un ciel de carbone
aux heures crépusculaires sodomisent les miroirs
allez roule roule lady
roule en moi 
&les filles des banshees m'entraînaient dans la brume
&me faisaient ramper devant la lune noire
enivré de pollen &de parfum-bitume
j'ai vu ta dépanneuse garée sur mon trottoir
&depuis je suis là moi le cradingue amant
soufflant dans mon pipeau la chanson d'Eurydice
mais méfie-toi miquette je joue contre le vent
pour mieux te polluer avec mes immondices
allez roule roule lady dévaste-moi
allez roule roule lady nullifie-moi
roule roule lady engloutis-moi 
les néons du drugstore flirtent avec les abîmes
de cette chambre enfumée où brûle Norma Jean
cholest' n' rock 'n' roll pour deux cinglés sublimes
dans le chaud maelström de l'érotico-stream 

Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine Musique : Claude Mairet
© Editions Masq.