De l'amour, de l'art ou du cochon?


Psychanalyse du singe

j'ai appris à jouer la guitare
avec la méthode Ogino
émerveillé par l'art pour l'art
comme une poule devant un mégot
j'étais déjà un petit barbare
qui chantait pour sa libido
et franchement c'est beaucoup plus tard
que j'appris à être cabot 
je ne chante pas pour passer le temps (3 fois)
mais pour me rendre intéressant 
pour être chanteur populaire
faut avoir l'esprit de mission
la position du missionnaire
ça manque pas d'imagination
et je me jette sous les projos
avec mon sourire engagé
en me disant : vas-y coco
t'as la meilleure place pour tomber 
je ne chante pas pour passer le temps (3 fois)
mais pour me rendre intéressant 
le jour de ma naissance un éléphant est mort
et depuis ce jour-là je le porte à mon cou.../... 
je me fais un peu prétentiard
mais c'est la règle des gogos
à trop squatter les lupanars
on prend l'affreux rire de l'idiot
alors je me montre et me marre
en agitant tous mes grelots
bientôt je pisserai dans ma guitare
en m'exhibant pour le Psy-show 
je ne chante pas pour passer le temps (3 fois)
mais pour me rendre intéressant 
Paroles et musique : Hubert-Félix Thiéfaine
© Editions Masq-Fantasia

Groupie 89 turbo 6

c'est juste une fille un peu perverse
qui me plante des couteaux dans les fesses
et qui me coince dans les urinoirs
en sortant sa lame de rasoir
c'est juste une fille un peu fritée
qui s'amuse avec ma santé
et qui me dégoupille les gonades
juste au moment où je prends mon fade
oh ! tu n'es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore
oh ! tu n'es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore plus fort.../... ah ! 
c'est juste une fille un peu rocky
qui grimpe à moto sur mon lit
et qui sort sa chaîne de vélo
en me disant je t'aime saignant salaud
c'est juste une fille un peu brutale
qui déchire mes chemises / mes futals
en me disant fais gaffe baba cool
je mets mes crampons gare tes bidoules
oh ! tu n'es pas la première fille qui me tape
tape-moi encore plus fort.../... ah ! 
c'est juste une fille comme toi et moi
enfin je crois plutôt comme toi
une fille qui s'amuse dans la vie
et qui n'a pas honte quand elle rit
c'est juste une fille
c'est juste une fille
c'est juste une fille qui s'en balance
mais qui grimpe aux murs quand elle... oh oui !... oui 
Paroles et musique : Hubert-Félix Thiéfaine
© Editions Masq-Fantasia

L'amour mou

c'était un mécano-métallo-mégalo
qui s'appelait chimie-travelot
il s'épuisait du ciboulot
dans un de ces si sots boulots
qui font de nous des bêtes à dodo
bien mûres et complètement frigos
elle, c'est chipolata-delco
la p'tite du mécano
elle est belle / elle remue du pot
elle aime bien son p'tit mégalo
bien qu'elle soye pas trop parano
et qu'elle s'envoye d'autres gigots 
y s' sont connus à Saint-Lago
dans un de ces trains qui partent très tôt
qui r'viennent très tard suivant les trots
de ceux qu'on doit mettre au métro
d'un coup d'oeil au fond du rétro
ils ont vu comme ils étaient beaux
et se sont roulé le chicot
sans même retirer leurs mégots
mais gare mais gare à mégot
s'écrie soudain le mécano
l'amour me mord, me mord la peau
l'amour nous rendra tous dingos
l'amour le mord / l'amour le moud
l'amour ça mord / l'amour c'est mou
l'amour ça meurt à la mi-août
sans mots sans remords ni remous
bientôt le tantôt sans se dire un mot
les v'là coco chez un bistrot
à s'faire des bécots dans les crocs
des vibratos dans le bas du dos
des trémolos sur le pipeau
tout en siphonant leur pernod
mais le plus beau c'est dans un pageot
d'un garno de la rue Rambuteau
où ils continuèrent leur duo
dans la position de l'escargot
en se faisant cadeau du pavot
qui leur poussait à fleur de peau 
y s' sont perdus à Saint-Lago
dans un de ces trains qui partent très tôt
qui r' viennent très tard suivant les trots
de ceux qu'on doit mettre au métro
d'un coup d'oeil au fond du rétro
ils ont vu comme ils étaient beaux
et se sont roulé le chicot
sans même retirer leurs mégots
mais gare mais gare à mon mégot
s'écrie soudain le mécano
l'amour me mord / l'amour me moud
l'amour ça mord / l'amour c'est mou
l'amour ça meurt à la mi-août
sans mots, sans remords ni remous. 
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Hubert-Félix Thiéfaine & Claude Mairet
© Editions Masq-Fantasia

Scorbut

(du film "Rock à la préfécture")
c'est l'histoire d'un pauvre gars
courant la gueuse dans les balluches
quand t'as toute la semaine dans le baba
tu peux bien rêver d'un greluche
chevauchant sa motocyclette
sur le chemins du samedi soir
il dérapa sur ses roupettes
en entendant ce cri bizoire 
les filles de La Rochelle
ont attrapé le scorbut
mignons, finie la bagatelle
la charentaise ne répond plus .../... oh gué ! 
le pauv' gars bloqua son engin
en se croyant halluciné
puis il tendit ses esgourdins
espérant bien s'être trompé
oui mais tout soudain derrière lui
il entendit ce cri fatal
qui semblait déchirer la nuit
de toute son horreur sidérale 
les filles de La Rochelle
ont attrapé le scorbut
mignons, finie la bagatelle
la charentaise ne répond plus .../... oh gué ! 
assis sur le rebord du trottoir
avec sa tête entre ses mains
le pauvre gars broyait du noir
en triquant dur comme un vieux chien
et d'ailleurs à propos de chien
celui qui passait à cette heure-là
lui qui n'avait envie de rien
eut droit à ce qu'il n'attendait pas.../... oh ? 
les filles de La Rochelle
ont attrapé le scorbut
mignons, finie la bagatelle
la charentaise ne répond plus .../... oh gué ! 
le chien repartit la queue basse
sans avoir bien tout-tout compris
tandis que notre pauvre gars
lui se sentait tout rajeuni
il remonta sur sa moto
et s'en retourna dans la nuit
mais depuis dans tous les hameaux
paraît que les chiens courent derrière lui 
les filles de La Rochelle
ont attrapé le scorbut
mignons, finie la bagatelle
la charentaise ne répond plus 
la morale de ce cantique
pour ceux qui ne le sauraient pas
c'est que dans la vie faut être pratique
quand on veut ce que l'on n'a pas
quant à vous les pauvres fillettes
de La Rochelle ou bien d'ailleurs
soyez donc un peu moins couillettes
voyez que les chiens nous font pas peur 
(cheval deux trois) 
les filles de La Rochelle
ont attrapé le scorbut
mignons, finie la bagatelle
la charentaise ne répond plus .../... oh gué ! 
Paroles et musique : Hubert-Félix Thiéfaine
© Editions Masq-Fantasia

Comme un chien dans un cimetière

(le 14 Juillet)
t'as été à l'herbe aux lapins
mais t'as fait un faux numéro
si tu crois que j'en ai du chagrin
téléphone à la météo
le ciel est bleu / le jour est J
la bombe est H mais mon grand-père s'ennuie
comme un chien dans un cimetière le 14-Juillet 
le canari s'est suicidé
avec une lettre de créance
mais n'en fais pas une céphalée
ton bateau repart pour l'enfance
et si le mien va s'échouer
j'en parlerai à ma psyché qui s'ennuie
comme un chien dans un cimetière le 14-Juillet 
ne cherche plus dans l'annuaire
j'ai mis des scellés sur mon coeur
mais passe plutôt chez le notaire
je te lègue ma part de bonheur
je pourrais toujours me recycler
avec la veuve du fossoyeur qui s'ennuie
comme un chien dans un cimetière le 14-Juillet 
le marchand d'ordures est passé
je vais pouvoir m'évanouir
remonte-moi mes oreillers
je pars pour un éclat de rire
tandis qu'au loin j'entends sonner
les oreilles d'un sourd et muet qui s'ennuie
comme un chien dans un cimetière le 14-Juillet 


je jette mon dernier sac de billes
la tempête vient de s'apaiser
déjà les moutards de ma ville
viennent pour me regarder
il n'y a plus rien à espérer
puisque maintenant les enfants s'ennuient
comme des chiens dans des cimetières le 14-Juillet 
Paroles et musique : Hubert-Félix Thiéfaine
© Editions Masq-Fantasia

De l'amour / de l'art, ou du cochon?

écoute moi... écoute moi mon amour... je claquerai connement la tête coincée
  dans un strapontin...
ce sera pendant l'été de 1515 sur l'aéroport de Marignane... je claquerai
  vraiment connement ...
mais je ressuciterai le troisième jour et ce troisième jour ser l'avant veille
  de l'attentat de Sarajevo...
je passerai te chercher et tu me reconnaitras facilement puisque j'aurai mon
  éternel chapeau a cran d'arrêt
et que je porterai à la boutonnière une fleur de tournesol comme celle que tu
  aimes tant !...
toi ! tu te jetteras dans mes bras et alors je te dirai
- souviens toi ! souviens toi mon amour... j'étais beau comme un passage à
  niveau et toi tu étais douce
douce comme les roubignolles d'un nouveau né... souviens toi... 
on avait des scolopendres qui dansaient dans nos veines et
un alligator au fond de la cuisine sur la droite en entrant... mais si!...
quand on entrait par la bouche d'incendie.../ ... dans ta bouche / il y avait
  des sirenes
qui chuchotaient des mots... des mots qu'on avait oublié d'inventer... des mots
  qu'on avait oublié d'inventer
à cause de notre enfance malheureuse... de notre enfance malheureuse parce
  qu'on avait mal aux dents...
on avait mal aux dents parce que toujours on nous obligeaiut à manger des
  sucres d'orge et qu'on n'aimait pas ca !
et puis après... après quand on se sera bien souvenu... quand fatigués de s'
  être souvenu...
nos souvenirs ne seront plus que des loques... alors... je te prendrai par la
  taille et
nous irons nous promener à l'ombre des tilleuls-menthe... tu me souriras... je
  te rendrai ton sourire et
dès lors... dès lors nous ne saurons plus vraiment si ce que nous ressentons
  l'un pour l'autre 
c'est de l'amour... de l'art... ou du cochon!
Paroles : Hubert-Félix Thiéfaine
Musique : Tony Carbonare
© Editions Masq-Fantasia

L'agence des amants de Madame Müller

un jour ou l'autre / je sais que la police viendra chez moi pour une 
sombre histoire de moeurs
ou pour me fournir des yogourts à la myrtille... à moins que ce ne 
soit plutôt pour l'affaire de cette madame Müller...
de rage... je jetterai mes chats par le fenêtre du douzième étage... je 
rentrerai mes gosses dans le ventre de ma femme
et je leur dirai : je ne suis pas le mari de madame Müller.
depuis longtemps je ne suis plus son amant
renseignez-vous... à l'agence des amants de madame Müller
messieurs de la police / je ne suis qu'un pauvre musicien...
je joue de la chasse d'eau dans un orchestre de free-jazz.../...
vous êtes un peu barjos mais... je suis un peu naze.../... mais... 
qu'est-ce que vous faites... qu'est ce que vous faites ?... vous êtes 
fous !...
vous êtes fous !... non !... arrêtez ! arrêtez !.../... oui c'est moi...
monsieur le commissaire / vous savez c'est pas tous les jours facile 
de vivre en société
quand on a un peu d'imagination.../... monsieur le commissaire / j'ai 
ma névrose...
mais monsieur le commissaire... qui n'a pas sa névrose ?...
je ne suis pas le mari de madame Müller
depuis longtemps je ne suis plus son amant
renseignez-vous... à l'agence des amants de madame Müller
je n'ai absolument aucun alibi / ce soir-là justement j'étais sur un 
coup... sur un coup foireux.../...
j'étais entré dans un bar-tabac et j'avais demandé un paquet de 
cigarettes-filtre
et 3 timbres à 100 balles pour poster des lettres à quelques amis.../...
elle est entré à ce moment précis... nos regards se sont touchés... 
intérieurement...
j'ai craqué... j'ai craqué... j'ai craqué.../... j'ai collé mes 3 timbres à 
100 balles
sur mon paquet de cigarettes-filtre et j'ai fumé mes lettres...
je ne suis pas le mari de madame Müller
depuis longtemps je ne suis plus son amant
renseignez-vous... à l'agence des amants de madame Müller
monsieur le président / cette insoupçonnable et somptueuse 
inconnue était vêtue
d'un sweater de couleur pastel et d'un jean taillé dans de la toile 
d'emballage de la manufacture des armes
et cycles de Saint-Étienne.../... quand nos regards se sont 
identifiés...
j'ai simplement prononcé ces quelques mots :
- dis-moi qui tu suis... je te dirais qui je hais !
elle m'a répondu :
- prends-moi.../... prends-moi.../... prends-moi !
alors je l'ai prise et nos corps se sont mélangés sur le bitume du 
trottoir devant les yeux déchirés
et hagards de badaux...
je ne suis pas le mari de madame Müller
depuis longtemps je ne suis plus son amant
renseignez-vous... à l'agence des amants de madame Müller
entre ces 4 murs... je ne sais vraiment pas quoi faire pour calmer 
mon ennui.../... bien sûr...
2 fois par jour un infirmier entre dans ma cellule pour contrôler et 
poinçonner mon ticket...
mais... pour passer le temps... je n'ai guère que ce souvenir... que ce 
souvenir... ce souvenir 
Paroles et musique : Hubert-Félix Thiéfaine
© Editions Masq-Fantasia

Vendôme gardénal Snack

tu traînes dans mes nuits comme on traîne à la messe
quand on n'a plus la foi et qu'on ne le sait pas
quand on traîne les genoux aux pieds d'une prêtresse
à résoudre une énigme qui n'existe pas
et tu lèves les yeux quand passent les cigognes
qui vendent la tendresse le soir au marché noir
dans la rue des travelos t'as rencontré guignol
qui s'était déguisé en poète illusoire.../...
je t'autorise à me jeter (bis) 
tu traînes ton ennui dans les rues de l'errance
et tu serres les poings au fond de tes envies
quand la ville dégueule son trop-plein d'impuissance
et nous jette trois sous d'espoir et d'infini
je laisse derrière toi des mégots de Boyards
le cri d'une chanson et des bouteilles vides
au hasard de ma route entre deux quais de gare
je ne fais que passer / je n'aurai pas de rides./...
je t'autorise à me jeter (bis) 
du fond de ton exil tu vois des processions
de chiens à demi fous qu'on relègue à la mort
tu vois des cathédrales qui affichent mon nom
pour un dernier concert à l'envers du décor
tu vois les échafauds qui tranchent l'innocence
et répandent la vie à trois mètres sous terre
où l'on voudrait aller quand on a joué sa chance
et qu'on reste K.O. la gueule au fond d'un verre.../...
je t'autorise à me jeter (bis) 
Paroles et musique : Hubert-Félix Thiéfaine
© Editions Masq-Fantasia